Tu l’aimes. Tu l’aimes au point de remettre en question ce que tu veux, ce que tu mérites, ce que tu ressens. Tu te plies en quatre pour qu’il soit bien, qu’il ne manque de rien, qu’il ait toujours un soutien, un sourire, une épaule. Et pourtant, il y a ce vide.
Ce petit quelque chose qui manque dans ses gestes, dans ses mots, dans la manière dont il te regarde. Tu te dis que c’est peut-être toi. Que tu es trop exigeante. Que l’amour, ce n’est pas toujours comme dans les films. Mais si la vérité, c’était qu’il ne t’aime pas vraiment ? Qu’il aime ce que tu fais pour lui, et non qui tu es ?
Ce n’est pas toujours facile à admettre. On confond souvent l’amour avec l’attention, avec l’habitude, avec la sécurité qu’une personne peut nous offrir.
Il te remercie quand tu cuisines, quand tu prends en charge les démarches, quand tu t’occupes de mille petits détails. Il te dit parfois que tu es « formidable », « incroyable », « sa chance ». Et tu te dis : s’il me dit ça, c’est qu’il m’aime.
Mais regarde bien. T’écoute-t-il vraiment ? Sait-il ce qui te fait vibrer ? Se soucie-t-il de ton bien-être avec la même intensité que toi pour le sien ? Ou est-il seulement accro à ce que ta présence lui permet d’éviter : l’effort, la solitude, la gestion de ses responsabilités ?

Il y a des relations dans lesquelles une personne devient un pilier… et l’autre un touriste affectif. Le touriste ne construit rien, mais il profite du décor.
Il ne prévoit pas de rester pour toujours, mais tant que l’ambiance est agréable, il s’installe. Et parfois, toi, tu deviens cet hôtel cinq étoiles où il trouve du confort sans engagement.
Il aime la paix que tu lui offres, la façon dont tu simplifies sa vie, la présence rassurante que tu représentes. Mais il ne cherche pas à découvrir tes tempêtes, tes désirs profonds, tes zones d’ombre. Il prend ce qui l’arrange. Il se nourrit de ce que tu donnes, sans jamais se demander ce que toi, tu attends en retour.
L’amour, le vrai, ce n’est pas un échange déséquilibré. Ce n’est pas un service rendu. Ce n’est pas être utile. C’est être vue. C’est quand quelqu’un s’intéresse à ton âme autant qu’à tes gestes. Quand il t’aime même les jours où tu ne fais rien pour lui. Quand il se lève pour toi, comme tu te lèves pour lui. Quand il ne cherche pas une partenaire pour lui faciliter la vie, mais une égale avec qui la construire.
Mais comment reconnaître la différence ? C’est simple, et douloureux à la fois. Observe ses réactions lorsque tu as besoin. Pas quand tu es au top, pas quand tu es en forme, pas quand tu donnes sans compter. Non.

Quand toi tu t’effondres. Quand tu n’en peux plus. Quand tu demandes de l’aide, de l’écoute, du temps. Est-il là, ou te fait-il sentir que tu es « trop » ? Essaie-t-il de comprendre ou te dit-il que tu exagères ? L’homme qui t’aime ne fuit pas ta complexité. Il ne prend pas seulement ce qui l’arrange. Il reste aussi quand aimer demande de l’effort.
Ce genre de relation peut durer des années. Parce qu’on s’attache. Parce qu’on espère qu’il changera. Parce qu’on confond gratitude et amour. Mais toi, tu sais. Tu sens que ce n’est pas réciproque.
Tu sens que tu remplis un rôle, plus qu’un cœur. Et un jour, tu te réveilles fatiguée. Fatiguée d’être la solution aux problèmes de quelqu’un qui ne se demande jamais ce que toi tu vis. Fatiguée de donner sans recevoir. Et surtout, fatiguée de croire que c’est ça, l’amour.
Tu n’es pas là pour être la béquille émotionnelle de quelqu’un. Tu n’es pas née pour être utile avant d’être aimée. Tu as le droit à une relation où on s’émerveille de toi, pas seulement de ce que tu offres. Une relation où l’amour se donne et se reçoit, à parts égales. Où on te voit. Où on te choisit.
Pas parce que tu rends les choses plus faciles, mais parce que tu es toi.

Alors si tu lis ces lignes et que ton cœur se serre, si tu reconnais cette dynamique dans ta propre vie, ce n’est pas pour te blâmer. C’est pour te réveiller. Pour te rappeler que ton amour mérite d’être célébré, pas exploité. Tu n’as pas à quémander une réciprocité qui devrait être naturelle. Tu n’as pas à te contenter d’un homme qui t’aime confortablement, mais jamais profondément.
Il n’est pas amoureux de toi. Il est amoureux de la facilité que tu représentes. Et tu vaux tellement plus que ça.
